PROJET D'AMENAGEMENT PASTORAL : les paroissiens enrichissent la reflexion

Partage en petits groupes lors de la rencontre organisée à Plourin-lès-Morlaix le jeudi 27/10/2016
Partage en petits groupes lors de la rencontre organisée à Plourin-lès-Morlaix le jeudi 27/10/2016

Le projet d'aménagement pastoral conduit par notre évêque et à échéance de Pâques prochain, est proposé à la réflexion de chaque paroissien, lors de 4 rencontres planifiées sur l'ensemble du doyenné.

Jeudi dernier, deux de ces rencontres ont déjà suscité de riches échanges, tant dans l'après-midi sur Plourin-lès-Morlaix, qu'en soirée,  au centre Jean-Paul II (Morlaix).

 


Avec plus d'une trentaine de personnes rassemblées sur Plourin, et près de 80 sur Morlaix, oui, les paroissiens de notre doyenné montrent qu'ils veulent prendre ce projet en main, se l'approprier, et le faire vivre à leur niveau. Intéressés. Concernés. Impliqués. "Avec beaucoup d'humilité et de vérité", a également tout particulièrement noté le P. Yves Laurent.

 

Pour rappel, l'objectif du PROJET D'AMENAGEMENT PASTORAL (à lire ICI) est de redéfinir la notion de "paroisse", afin "de simplifier l'organisation, car elle n'est plus adaptée aux défis de la mission pour les années à venir" (Mgr Dognin-p.4 du projet).

Autrement dit : simplifier les structures, faire vivre toujours davantage les trois fonctions de l'Eglise (annonce de la parole, vie de prière communautaire, service), et donner les moyens aux équipes locales de servir toujours davantage la proximité, sans usure et toujours dans la joie affichée d'être chrétien ! 

Un beau défi !

 

En pratique, le terme de doyenné va disparaître au profit de celui de paroisse (en quelque sorte, il y a un changement d'échelle dans la notion de paroisse), la paroisse nouvelle regroupant alors l'ensemble des clochers du territoire.

Pour agir et assurer une présence d'Eglise au niveau local, des communautés chrétiennes locales seront créées. Les notions d'ensembles paroissiaux et d'Equipes de Coordination des Relais (ECR) seront donc supprimées.

 

 

P. Yves Laurent rappelle aux personnes présentes à Plourin une phrase africaine citée dans le projet : "Mieux vaut beaucoup de personnes qui font peu de choses chacune, que peu de personnes qui font beaucoup de choses" .
P. Yves Laurent rappelle aux personnes présentes à Plourin une phrase africaine citée dans le projet : "Mieux vaut beaucoup de personnes qui font peu de choses chacune, que peu de personnes qui font beaucoup de choses" .

Afin que chacun puisse bien s'imprégner de l'esprit du projet, de ses enjeux et objectifs, le P. Yves Laurent a donc proposé aux personnes présentes lors des rencontres sur Plourin et Morlaix, un premier temps consacré à la lecture des passages clés du document support du projet.

Dans un second temps, un échange en petits groupes a permis a chacun de prendre la mesure de la tâche.

2 questions ont été tout particulièrement soumises à la réflexion :  "Que faudrait-il faire avancer ? Quelles perspectives ? Dans quel domaine ?", "Quelles propositions de configuration verriez-vous pour les communautés chrétiennes locales ?" (p.18 du document support du projet).

 

En petit groupe, les conversations s'animent rapidement de façon très constructive.
En petit groupe, les conversations s'animent rapidement de façon très constructive.
P. Yves Laurent prend note des réflexions et propositions qui ont émergé suite à la réflexion en petits groupes
P. Yves Laurent prend note des réflexions et propositions qui ont émergé suite à la réflexion en petits groupes

Un dernier temps a permis de restituer les échanges :

  • Quelques interrogations : "Ca va changer beaucoup de choses ?", "Comment faire pour assurer notre relève ?" ...
  • Un peu d'inquiétude : "Il faudra donc peut-être aller plus loin pour aller à la messe ! Ca va pas être facile pour tout le monde !"...
  • Mais aussi et surtout beaucoup de propositions concrètes et d'espérance:  "On est déjà bien organisé, beaucoup de services transversaux se font déjà au niveau du doyenné, ca va donc être facile de s'adapter !", "Il faut de toute façon aller de l'avant !"...

Toutes ces restitutions seront transmises à l'EAP  (Equipe d'Animation Pastorale), qui a jusqu'au 15 décembre pour rendre sa copie au diocèse.

 

 

  

 

Si vous souhaitez participer aux prochaines rencontres, 2 dates sont encore programmées :

  • jeudi 03/11-18h00 : église de Plouézoc'h
  • mardi 08/11-18h00 : église de Plouigneau

 

 


Pour aller plus loin...

 

N'hésitez pas à lire dans son intégralité le projet d'aménagement pastoral.

Si vous n'en avez pas le temps tout de suite, lisez l'extrait ci-dessous, qui reprend  le très beau texte de Joseph Ratzinger, à la fois visionnaire (il date de 1970), lucide et plein d'espérance.


(extrait du projet d'aménagement pastoral - p.21)

 

TEXTE 7

Joseph Ratzinger, jeune prêtre et théologien, causerie radiophonique 8  sur l’avenir de l’Église, 1970

 

Cette fois encore, de la crise d’aujourd’hui va naître une Église qui aura beaucoup perdu. Elle va devenir petite. Pour une grande part, il faudra qu’elle recommence à zéro. Il lui faudra laisser vides beaucoup des édifices construits dans une période de conjoncture très favorable. En perdant des adhérents, elle va perdre aussi beaucoup de ses privilèges dans la société. Bien plus qu’avant, elle se présentera comme une communauté à laquelle on adhère volontairement, dans laquelle on entre par décision. En tant que petite communauté, elle demandera beaucoup plus d’initiative de la part de ses membres. Certainement, elle connaîtra aussi de nouvelles formes de ministères, et elle ordonnera prêtres des chrétiens éprouvés qui auront une vie professionnelle. Dans beaucoup de petites communautés ou dans des groupes sociaux homogènes, c’est de cette manière que l’activité pastorale normale s’exercera. À côté de cela, le prêtre e à temps plein» continuera d’être indispensable. Mais au cœur de toutes ces transformations que l’on peut supposer, l’Église trouvera de manière nouvelle et décidée ce qui lui est essentiel dans ce qui a toujours été ce qui la fait vivre : la foi dans le Dieu Trinité, la foi en Jésus Christ, le Fils de Dieu fait homme, en la présence et l’assistance de l’Esprit Saint jusqu’à la fin des temps. Elle retrouvera dans la foi et la prière son identité propre et elle vivra à nouveau les sacrements comme un service de Dieu et non comme un problème de créativité liturgique.

 

Ce sera une Église intériorisée qui ne misera pas sur son influence politique et qui flirtera aussi peu avec la gauche qu’avec la droite. Elle sera dans une situation difficile. Car le processus de cristallisation et de clarification lui coûtera certaines de ses forces vives. Ce processus la rendra pauvre et fera d’elle une Église des petits. Ce processus sera d’autant plus difficile qu’il faudra écarter aussi bien l’étroitesse sectaire que l’obstination individuelle qui fait du bruit. 

On peut prévoir que tout cela demandera du temps. Le processus sera long et difficile, tout comme fut long le chemin qui devait mener au renouveau du XIXe siècle à partir du faux progressisme de la veille de la Révolution française (une période à laquelle il était de bon ton, même parmi les évêques, de se rire des dogmes, et même de laisser entrevoir que l’on n’était pas si sûr que cela de l’existence de Dieu). Mais après l’épreuve de ces discernements et séparations, c’est une grande force qui sortira d’une Église intériorisée et simplifiée. Dans un monde complètement planifié en effet, les hommes seront indiciblement seuls. Si Dieu a entièrement disparu pour eux, ils feront l’expérience d’une 

pauvreté complète et terrible. C’est alors qu’ils découvriront la petite communauté de ceux qui croient comme une chose totalement nouvelle. Comme une espérance qui leur parle, comme une réponse qu’ils ont toujours cherchée en secret.

 

Ainsi, il me semble certain que des temps très difficiles attendent l’Église. Sa crise véritable a à peine commencé. Il faut s’attendre à des secousses considérables. Mais je suis certain aussi de ce qui restera à la fin : non l’Église du culte politique qui a déjà échoué en Gobel, mais l’Église de la foi. Elle ne dominera jamais plus la société avec la puissance qu’elle a eue jusqu’à une époque récente. Mais elle va fleurir de nouveau et elle se manifestera aux hommes comme une patrie (ou demeure familiale) qui leur donne vie et espérance au-delà de la mort.


(Photos : Louis GOUEZ)