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« Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle… » Marc 10,48

Il y a là quelque chose d’universel, semble-t-il ! Pourquoi dans une famille, dans un groupe d’amis, quand quelqu’un dit sa souffrance, très vite un autre rétorque : ‘ce n’est pas grave !



Il faut remonter la pente… beaucoup vivent pire que ça…’ et le souffrant ne peut plus que taire sa douleur !

Jésus s'arrête

Berna, évangile et peinture
Berna, évangile et peinture

Bartimée est de ceux qui ne se taisent pas : « Jésus, fils de David, prends pitié de moi ! », crie-t-il ! Et quand il entend que Jésus passe près de lui, il se réveille et il crie sa souffrance ! La foule n’entend pas cette souffrance, mais Dieu, par l’intermédiaire de son Fils, l’entend : « Jésus s’arrête et dit ‘appelez-le». Dans la bible, Dieu se révèle très sensible à la souffrance des hommes : « J’ai vu, oui, j’ai vu la misère de mon peuple qui est en Égypte, et j’ai entendu ses cris sous les coups des surveillants. Oui, je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer » (Ex 3, 7-8). Ces cris vers Dieu sont fréquents dans les psaumes : "Dans ma détresse, j'ai crié vers le Seigneur, et lui m'a répondu".  (Psaume 119, 1) 

...il devient un être digne

Toutes les souffrances sont muettes, à moins que quelqu’un ne les écoute ! La souffrance nous déshumanise profondément. Quand quelqu’un n’est plus que souffrance, est-il encore un être humain ? Il le devient quand quelqu’un l’écoute. Il sort de l’anonymat, du silence où la douleur l’enfonce… il cesse d’être une ombre que tout le monde fuit, il devient un être digne.

Heureuses aussi les personnes qui croient qu’au-delà de tout (nos relations, nos groupes), quelqu’un ‘là haut’, entend leur souffrance, alors que tout le monde la nie ! Et la prière solitaire, criante, ardente, de feu, part vers le ciel, traverse la nuée et va jusqu’à Dieu, cherchant son sauveur !

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

Berna, évangile et peinture
Berna, évangile et peinture

Et le Seigneur envoie son Fils qui vient nous visiter et s’arrête devant chacun et lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »   Aujourd’hui, le Fils de Dieu s’arrête devant toute personne en souffrance et l’appelle. Ainsi il prend cette souffrance sur lui. C’est un des points centraux de la foi chrétienne concernant Jésus : « Ce sont nos souffrances qu'il a portées, c'est de nos douleurs qu'il s'est chargé » (Isaïe 53, 2).

Prendre la souffrance des autres sur soi ! Il faut du temps pour que les humains entendent la souffrance de leurs frères et s’approchent d’eux pour la porter avec eux. C’est une conversion pour chacun et pour l’Eglise toute entière comme institution. Aujourd’hui, l’Eglise insiste beaucoup sur cette attitude de proximité à l’égard du ‘frère’ souffrant. La demande par l’Eglise du rapport sur les crimes de  pédo-criminalité en son sein signifie qu’elle a entendu (enfin, diront certains) la parole des victimes. Ne laissons jamais passer à coté de nous une personne souffrante sans nous arrêter et l’écouter !

 

P. Jean Michel Moysan, cur