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« Comment cela va-t-il se faire puisque je ne connais pas d’homme ? » (Luc 1, 34)

Mais qu’en est-il de cet article central de la foi chrétienne partagé pourtant par toutes les confessions chrétiennes (catholiques, protestants, orthodoxes, etc.) ?

La contestation de ce point de la foi date du début de l’Eglise. Le philosophie Tertullien (mort en 222) se bat avec des courants qui le nient. Contre eux, il affirme : « Il ne convenait pas que le Fils de Dieu naquit d'une semence humaine, de crainte qu'entièrement fils de l'homme, il ne fut pas également fils de Dieu et n'eut rien eu de plus en lui que Salomon ou que Jonas (...) Pour être en  même  temps fils de l'homme, c'était sa chair, et elle seulement, qu'il devait prendre de la chair de l'homme, sans la semence de l'homme. En effet la semence de l'homme était superflue pour qui avait en soi la semence de Dieu... » (Tertullien, la Chair du Christ]

Jésus vient entièrement de Dieu, tout en étant ‘chair’... Voilà le combat théologique des premiers siècles. Soutenir ces deux ‘natures’ du Christ était une gageure pour la raison humaine (aujourd’hui contestée au nom de la biologie). Cette personne qu’est Jésus vient de Dieu totalement, physiquement... voilà l’affirmation centrale. Pour la raison humaine, c’est un mur ! Mais méditer ce mur dans la foi en Dieu nous introduit au Mystère, c’est-à-dire à une autre rationalité, celle de Dieu ... Quelle en est la portée et le sens de cette virginité physique ? Saint Irénée de Lyon (mort en 202) le disait dans une formule frappante à lire patiemment : « Ceux qui prétendent qu'il n'est qu'un pur homme engendré de Joseph demeurent dans l'esclavage de l'antique désobéissance et y meurent, n'ayant pas encore été mélangés au Verbe de Dieu le Père et n'ayant pas eu part à la liberté qui nous vient par le Fils, selon ce qu'il dit lui-même : Si le Fils vous affranchit, vous serez vraiment libres (Jn 8,36) (Saint Irénée, contre les Hérésies)

Disons-le en d’autres termes : Si le Fils de Dieu s’incarne physiquement en Marie, c’est pour s’incarner spirituellement en nous ! Mais pas que ‘spirituellement’ : Jésus vient se ‘mélanger’ à notre ‘chair humaine’ pour que sa divinité nous libère du mal, nous affranchit et nous ressuscite dans notre personne corporelle (corps, âme esprit). Cette puissance du Christ pour notre corps, il faut y croire. C’est le sens profond de la naissance virginale du Christ : il vient totalement de Dieu pour venir totalement en nous ! 

 

+ Père Jean-Michel MOYSAN, Curé.